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John Merrick avait l’impression que cette scène ne le concernait pas.

C’était pourtant bien sa femme qui, les mains et les pieds liés, la bouche fermée par une bande adhésive, geignait de peur et de douleur sur le tapis chinois. Sa fille qui, assise sur le canapé, fixait d’un regard exorbité la bouteille grise se promenant quelques centimètres au-dessus de sa tête.

Merrick était rentré aux alentours de neuf heures, après un corps à corps torride avec Joan, l’incendie roux qui avait ranimé sa libido éteinte par treize années de morosité conjugale. Le silence inhabituel qui semblait isoler la maison du reste de l’univers l’avait bien un peu étonné, mais, à aucun moment, il ne se serait douté que le ciel venait de lui tomber sur la tête.

Les visiteurs s’étaient introduits chez lui sans déclencher le système d’alarme, pourtant sophistiqué – coût de la merveille technologique : cent mille dollars. Merrick avait d’abord découvert sa femme allongée sur le tapis du salon, ligotée, bâillonnée. Son premier réflexe avait été de s’enfuir à toutes jambes. Mais son attention avait été attirée par un mouvement au fond de la pièce. Il avait alors aperçu Sharon, sa fille, recroquevillée sur le canapé en cuir jaune, attachée et réduite au silence elle aussi. Puis deux individus qu’il ne connaissait pas : un blond à la face poupine et aux yeux presque entièrement blancs ; un métis au crâne rasé et au visage en lame de couteau. Tous les deux gantés de latex noir et vêtus de costumes italiens à la coupe impeccable (les yuppies branchés du Downtown portaient le même genre de costard). Le blond promenait une bouteille au-dessus des vagues ambrées de la chevelure de Sharon. Une bouteille de plastique gris. Avec une tête de mort sur l’étiquette. Merrick avait ouvert la bouche pour hurler, mais un pistolet avait jailli dans la main du métis et lui avait rentré ses mots dans la gorge.

Il avait tout de suite compris que les intrus ne s’étaient pas invités chez lui pour lui piquer son matériel hi-fi, sa télé à plasma ou les trois tableaux – trois croûtes d’un dénommé Szack – qui, selon son patron, vaudraient une petite fortune dans une vingtaine d’années. Ces deux-là n’avaient à voir avec les petits braqueurs surexcités qui proliféraient comme les écureuils dans les rues aérées de Kansas City. Ses yeux ne parvenaient pas à se détacher de la bouteille : acide chlorhydrique, gueulait l’étiquette. Bon Dieu ! Que quelques gouttes s’échappent du goulot, et le cuir chevelu de Sharon, le front de Sharon, l’adorable nez de Sharon... Merrick desserra son nœud de cravate. Il transpirait à grosses gouttes sous sa chemise double-fil à sept cents dollars.

« Désolés de cette intrusion, monsieur l’avocat », fit le métis.

Ce type au sang nègre s’exprimait avec la même suavité, la même distinction british qu’un WASP de Boston. La négligence affectée avec laquelle il braquait son flingue sur Merrick accentuait cette impression d’élégance glaciale.

« Mais il se trouve que vous êtes en possession d’informations qui nous intéressent.

— Je suis prêt à en discuter, bredouilla Merrick. A condition que vous relâchiez ma fille... »

Son regard tomba sur sa femme qui, vêtue de son vieux peignoir, se tortillait comme un lombric sur la soie du tapis.

« Et ma femme », ajouta-t-il à regret.

Mrs Merrick ressemblait à toutes les Américaines obsédées par leur ligne. D’une maigreur repoussante, elle paraissait en permanence se balader derrière un détecteur à rayons X. Sa poitrine aux rondeurs synthétiques offrait un contraste malheureux avec les hachures de son squelette. Il n’avait plus envie d’elle – comment avait-il pu la désirer un jour ? –, mais il la supportait parce que Sharon, âgée de huit ans, avait encore besoin de sa mère.

Le blond ricana et posa le bouchon de la bouteille sur la joue de Sharon. Merrick jeta un coup d’œil affolé par la porte-fenêtre. Le halo du lampadaire cerné par les ténèbres dévoilait un bout de pelouse, un capot de voiture, la branche basse d’un séquoia, un tronçon de rue désespérément désert. Rien à attendre des voisins : le quartier, un quartier huppé de Kansas City, était habité par des minables qui frimaient le jour dans leur décapotable et se barricadaient dans leurs somptueux bunkers à la tombée de la nuit – comme lui.

« Vous n’êtes pas en position d’imposer vos conditions, maître Merrick, reprit le métis. Ou vous collaborez, et nous nous quittons bons amis. Ou vous faites des difficultés, et mon camarade sera au regret de défigurer votre fille.

— Qu’est-ce que vous voulez, merde ? haleta Merrick. Prenez ce qui vous intéresse et foutez le camp ! »

Du canon de son arme, le métis désigna les tableaux au mur, les meubles, les tapis, la bibliothèque, les bibelots entreposés comme des reliques dans les vitrines en verre. Il ne portait ni gourmette ni chaîne aux énormes maillons, ni aucun autre de ces signes extérieurs de richesse dont étaient friands les gens de couleur, du moins tels que se les représentait Merrick.

« Je m’en voudrais de priver votre famille des fruits légitimes de votre labeur », dit-il avec un petit sourire qui retroussa ses lèvres brunes sur des dents d’une blancheur insolente.

Merrick n’aimait pas les nègres, les Afro-Américains comme l’Amérique molle des démocrates avait cru bon de les baptiser : escrocs, maquereaux, dealers, braqueurs, hâbleurs, rois du basket, du foot, du base-ball et de la boxe. Sourires étincelants de morgue, membres comme des étalons... C’était, chez l’avocat John Merrick, un racisme basique, archaïque, qui le changeait agréablement de la complexité du droit commercial.

Un gémissement étouffé le fit tressaillir. Les yeux de Sharon étaient des puits de désespoir froids dans lesquels il sombra entièrement. Il suffoqua, tenta de remettre un peu d’ordre dans ses pensées. Il était en train de se noyer, mais il devait au moins sauver sa fille.

Le blond dévissa lentement le bouchon de la bouteille en lâchant un rire de sale gosse. Une fumée jaunâtre et une odeur méphitique s’échappèrent aussitôt du goulot, comme les fléaux humains de la boîte de Pandore.

« Arrêtez ça ! cria Merrick. Et dites-moi ce que vous voulez. »

Le métis contourna le canapé et s’avança d’une allure de fauve vers l’avocat. Son ombre se déploya sur le parquet blond comme une aile maléfique. Ses chaussures montantes de cuir noir étaient parfaitement assorties à l’anthracite de son costume, au rose saumon de sa chemise et au bronze poli de son crâne. Aucune faute de goût. Et Merrick se méfiait comme du SIDA des nègres qui avaient parfaitement assimilé la culture blanche. Les plus coriaces de ses adversaires étaient les avocats de couleur des boîtes de l’Ouest. Des types à l’esprit affûté qui connaissaient leur droit sur le bout des doigts et qui sautaient sur toutes les occasions d’en faire baver aux anciens esclavagistes.

Le métis enjamba avec précaution le corps entravé de la femme sur la flaque bleue du tapis. Un serpent de lumière se coula sur le canon de son flingue et sur le latex de ses gants. Passionné d’armes, Merrick reconnut un Beretta 92 de calibre 9 mm, l’arme des flics américains. Un pistolet très répandu, presque anonyme.

« Le code Kali, dit le métis. Ça vous dit quelque chose ? » L’avocat distingua alors les paupières lourdes et les yeux bridés de son interlocuteur. Ce salopard avait aussi du sang jaune dans les veines, ce qui expliquait son calme.

« Le code Kali, monsieur l’avocat... » répéta lentement le métis.

Comme dans un rêve, Merrick vit le blond incliner légèrement la bouteille d’acide au-dessus du visage de sa fille. A force de contorsions, sa femme réussit à basculer sur le dos. Son peignoir s’ouvrit comme un fruit mûr et découvrit ses cuisses maigres à la peau fripée.

« Je ne vois pas ce que vous... » gémit Merrick. Sans se retourner, le métis tendit le bras au-dessus de son épaule et claqua des doigts. Le blond pencha la bouteille. Des gouttes d’acide tombèrent en pluie sur la joue de Sharon. Le bâillon étouffa le hurlement de la fillette. De sa main libre, le blond la plaqua par le cou sur le canapé, puis il releva la bouteille. Lorsqu’il vit monter des petites volutes de fumée de la peau tendre de sa fille, Merrick crut que son cœur s’arrêtait de battre. Des larmes de rage lui brouillèrent la vue. Mais l’œil rond et noir du Beretta le dissuada de se ruer comme un taureau furieux sur le canapé.

«J’en ai entendu parler, lâcha-t-il d’une voix sourde. Comme d’autres à BioGene. Mais je ne sais pas grand-chose, je vous jure... »

Il ne quittait pas des yeux la joue de Sharon, qu’il voyait se déformer et se creuser sous l’action de l’acide.

« Cessez de nous prendre pour des idiots, monsieur l’avocat. La prochaine fois, mon camarade versera l’acide dans l’œil droit de la petite. »

Merrick sentit sur son visage la brûlure du regard de sa femme, qui avait enfin cessé de s’agiter sur le tapis. Elle était dénudée jusqu’au nombril. Mais elle se fichait bien d’exhiber devant des inconnus son sexe dentelé et glabre. Elle n’était plus en cet instant qu’une mère, un concentré d’angoisse et de peur.

«Je... Kali est un projet génétique, murmura Merrick.

— Ceci n’est pas une information, fit le métis. Je compte jusqu’à trois, monsieur l’avocat. Soyez certain que mon camarade n’hésitera pas une seconde. »

Il leva le bras et plaça l’extrémité de son majeur sur le sommet de son pouce.

« Un... »

Une tempête de pensées se leva sous le crâne de Merrick. Lui revenaient à l’esprit tous ses raids juridiques et financiers sur les petites boîtes de génomique indépendantes. Il avait récupéré un bon nombre de brevets à des coûts dérisoires. Son efficacité lui avait valu de gravir rapidement les échelons de la BioGene et de capter la confiance de Kirk Alengass, le président du conseil d’administration. En cinq ans, il était passé du statut de conseiller juridique à celui de fondé de pouvoir, un poste qui l’entraînait de plus en plus souvent à franchir la ligne de la légalité. Son salaire avait décuplé en même temps qu’il multipliait les exactions et devenait l’un de ces vampires économiques qui hantaient les tours sinistres du Downtown. Il avait semé le vent, il récoltait la tempête. Ce n’étaient plus des hommes de loi qu’il avait en face de lui, mais des tueurs, des brutes qui n’accordaient pas plus d’importance à la vie que lui-même à la légitimité des entreprises concurrentes.

« Deux... »

Kirk Alengass en personne lui avait confié le suivi du dossier Kali. Trahir sa confiance, c’était passer du Capitole à la roche Tarpéienne, se retrouver sans boulot, renoncer à cinq cent mille dollars de salaire annuel et à la prime très... substantielle, John, promise par le président du conseil d’administration. Et perdre sans doute Joan, la tornade rousse qui lui chavirait les sens et qui, comme toutes les louves, ne se frottait qu’aux mâles dominants. John Merrick aurait fait n’importe quoi pour ne pas retourner à la case départ, pour ne pas redevenir le péquenot sans le sou d’une ville paumée de l’Iowa.

N’importe quoi. Sauf sacrifier sa fille.

« Trois...

— C’est bon, lâcha Merrick à mi-voix. Qu’est-ce que vous voulez savoir ?

— Tout, cher maître, répondit le métis, le bras toujours en l’air.

— Qui vous envoie ?

— Les questions, c’est moi qui les pose.

— Je ne sais pas combien vous êtes payés pour faire ce boulot, mais on peut peut-être s’arranger... »

Le rire méprisant du métis glaça Merrick.

« Nous ne jouons pas dans la même cour, monsieur l’avocat. Gardez donc vos petites économies et parlez-moi du dossier Kali. »

Merrick hocha la tête. Il se pencha sur sa femme et, d’un geste mécanique, lui rabattit le pan de son peignoir sur le ventre. Elle le fixait avec un mélange de colère et de mépris. Elle ne lui pardonnerait jamais d’avoir hésité, d’avoir laissé ces types mutiler Sharon, la chair de sa chair. Il jeta un bref coup d’œil sur la joue de sa fille, prostrée sur le canapé. L’acide avait ravagé par endroits la peau blanche et douce comme un pétale. Il se rassura machinalement en se disant qu’une greffe suffirait sans doute à lui rendre sa texture soyeuse.

Soudain, une vague glaciale le fouetta de la tête aux pieds. Les tueurs ne portaient pas de masque.

«Je... je n’ai pas toutes les informations là-dedans, bredouilla-t-il en posant l’index sur sa tempe. Il faut... il faut que je passe prendre le dossier à mon bureau... »

Le rire méprisant du métis, encore.

« On ne laisse pas de traces écrites dans ce genre de dossier.

— Je ne vois pas comment vous pouvez affirmer ce...

— Si la BioGene est prête à dépenser plusieurs centaines de millions de dollars pour pirater un brevet, c’est qu’elle en escompte plusieurs centaines de milliards de bénéfice. Qu’elle prend donc toutes ses précautions. Je commence à perdre patience, maître.

— Si je parle, qu’est-ce qui me garantit que vous épargnerez ma fille... et ma femme ? »

Le métis haussa les épaules d’un air fataliste.

« Je suppose que ma parole ne vous suffirait pas.

— Lâchez ma fille, et je vous promets que... »

Le métis claqua des doigts. Le blond glissa sa main gantée de noir sous la nuque de Sharon, lui posa le genou sur l’abdomen et lui maintint le visage tourné vers le plafond. Puis il approcha la bouteille de l’œil droit de la fillette et commença à l’incliner.

« Non ! » hurla Merrick.

A cet instant, les quatre notes du carillon retentirent l’une après l’autre et vibrèrent pendant d’interminables secondes dans le silence suspendu.

Le blond se redressa, posa la bouteille sur la table basse et plongea la main dans l’échancrure de sa veste. D’un geste, le métis fit signe à Merrick de ne pas bouger.

« Vous attendiez quelqu’un ?

— Pas spécialement... »

Le carillon sonna de nouveau, à trois reprises, puis se tut. Le métis resta immobile deux minutes avant de relever son arme sur le visage de Merrick.

« Je vous écoute.

— Vous... vous n’allez rien comprendre si vous n’avez pas quelques notions de génie génétique.

— Notre métier a énormément évolué, maître. J’ai un Q.I. de cent trente, probablement très supérieur au vôtre.

— Vous avez entendu parler de la guerre des brevets génétiques ? »

Le métis acquiesça d’un mouvement de menton. Merrick se souvenait à présent que Franck Parlour, un ancien collègue à la retraite, lui avait téléphoné au bureau en début d’après-midi. Parlour, un vieux cinglé qui partageait sa passion des armes à feu, lui avait dit qu’il passerait aux alentours de vingt et une heures trente pour boire une bière et consulter un site Internet. C’était probablement lui qui avait sonné quelques minutes plus tôt. Un parano dans son genre, capable d’affirmer sans rire que les manipulateurs de Washington DC programmaient les tornades et les blizzards, avait sûrement remarqué quelque chose d’anormal.

Une petite lueur d’espoir s’alluma dans le vide glacial de Merrick.

« Kali, c’est à la fois la Genèse et l’Apocalypse, reprit-il d’une voix qu’il s’efforça de garder neutre.

— Vous mélangez trois traditions en une seule phrase, fit le métis avec une moue agacée. Soyez un peu plus clair.

— Les gènes sont les plus petits et les plus puissants des leviers. » Merrick crut déceler un mouvement de l’autre côté de la baie vitrée. « Kali est une déesse à deux faces. Destruction et renaissance.

— Qu’est-ce que c’est que ce charabia ? »

Premier signe d’impatience du métis. Le vent était en train-de tourner.

« La BioGene s’intéresse à un biologiste qui met au point une... arme génétique qui pourrait foutre en l’air l’économie des nations occidentales. »

Un fracas de verre brisé l’interrompit. Le métis et le blond plongèrent sur le carrelage avec un étonnant synchronisme. Une balle siffla à travers le salon et transforma une vitrine en une pluie d’éclats scintillants. Merrick vit s’introduire la silhouette efflanquée de Parlour par l’ouverture béante de la baie, un revolver Smith-et-Wesson 686 dans chaque main. Sa femme s’agita frénétiquement sur le tapis, ne réussissant qu’à se dénuder un peu plus. Sharon resta prostrée sur le canapé, en état de choc.

« John, Pat, ça va ? cria Parlour.

— Fais gaffe, Franck ! » hurla Merrick.

Affublé d’un survêtement deux fois trop large pour lui, Parlour évoquait ces soldats de pacotille des clubs de Paint-ball. Les jambes fléchies, les deux bras tendus à l’horizontale, les yeux volant comme des papillons fous d’un point à l’autre de la pièce. Aussi ridicule qu’il se voulait féroce.

Merrick chercha du regard le métis et son acolyte blond. Ils avaient... disparu. Comme des créatures de ténèbres dissipées par le premier rayon du jour.

« Où ils sont passés, ces salopards ? brama Parlour.

— Pas loin ! »

Parlour se tourna vers l’endroit d’où avait jailli la voix et pressa rageusement la détente de l’un de ses revolvers. Les balles se fichèrent dans le mur, dans la bibliothèque, dans une croûte à vingt-cinq mille dollars.

Le métis se releva de l’autre côté de la grande table, dans le dos de Parlour.

« Franck ! Att... »

Le cri de Merrick s’enraya lorsque Parlour se mit à tituber et à battre des bras pour se raccrocher à d’invisibles prises. Le Beretta du métis avait craché sans bruit, avec une froideur parfaitement assortie au flegme de son possesseur.

Les deux tueurs avaient opéré à visage découvert. Ils n’avaient donc pas l’intention de laisser de témoin derrière eux. Merrick décida de tenter le tout pour le tout. Avec un peu de chance, à la faveur de la confusion, de la nuit... Il s’élança vers le canapé, enjamba sa femme empêtrée dans ses liens et les plis de son peignoir, saisit Sharon par un bras et une jambe, la plaqua contre lui et, la tête rentrée dans les épaules, courut vers la bouche noire de la baie fracassée.

Parlour tomba comme une masse sur le carrelage. Son index se coinça sur la détente de l’un de ses revolvers. Les deux tueurs se jetèrent en arrière pour s’écarter de la ligne de tir. Cette même ligne que Merrick, tendu vers son but, franchit sans s’en rendre compte. Une première balle lui disloqua l’épaule, une deuxième atteignit Sharon en pleine tête. Il n’eut pas le temps de s’en affliger. Un dernier projectile s’engouffra dans sa cage thoracique et lui déchira le cœur.

Mike O’Shea et Abel Kromsky s’avancèrent vers la femme de Merrick.

« Merde, on a perdu la piste, murmura le blond.

— Pas si sûr, dit le métis. Merrick était un minable. Il a dû se croire obligé de sortir le grand jeu pour être à la hauteur de cette Joan. Elle en sait certainement beaucoup plus qu’elle n’a bien voulu le dire. Dis bonne nuit à madame Merrick, Abel. »

Abel Kromsky s’accroupit et promena pendant quelques secondes l’extrémité du canon de son arme, un énorme. 454 Casull, sur la poitrine et le bassin découverts de la femme. Elle tremblait tellement que ses omoplates, son coccyx et ses coudes claquaient en cadence sur le tapis. Quand il en eut assez de contempler ses yeux fous de terreur, il lui posa la bouche du canon sous le sein gauche.

« Bonne nuit, madame Merrick. »